Mise en place de banque aux Kenya
En 2007, le Kenya dévoilait un service qui révolutionnera, plusieurs années plus tard, son secteur bancaire : M-Pesa. Lancé par l’opérateur mobile kenyan Safaricom, une entreprise détenue en partie par le groupe britannique Vodafone, il s’agit de l’un des tout premiers systèmes de microfinancement et de transfert d'argent par téléphone mobile mis en place en Afrique et dans le monde.
Le service s’est déjà exporté en Tanzanie, en Afghanistan, en Inde et en Europe de l’Est.
Au départ, l’idée du projet était de créer un service qui permettrait aux emprunteurs de microfinance de contracter et rembourser facilement des prêts auprès du réseau de revendeurs de crédits de communication de Safaricom, au Kenya. Cependant, le contexte économique kenyan marqué par un très faible taux d’inclusion financière et de bancarisation, poussera le service à muer et à s’orienter vers le transfert d'argent domestique dans le pays et la possibilité d'effectuer des paiements.
En douze ans, cet outil, classé parmi les 10 projets financiers les plus influents des 50 dernières années par le Project Management Institute (PMI), propulsera le Kenya au plus haut niveau continental en matière d’inclusion financière.
En douze ans, cet outil, classé parmi les 10 projets financiers les plus influents des 50 dernières années par le Project Management Institute (PMI), propulsera le Kenya au plus haut niveau continental en matière d’inclusion financière.
En huit mois, M-Pesa avait conquis 1 million d’utilisateurs et ce chiffre avait déjà triplé en juin 2008. Fin juin 2019, le service comptabilisait plus de 26,9 millions de clients, soit près de 83% de la population adulte possédant un compte « Mobile money », dans un pays comptant environ 50 millions d’habitants. Au cours de la même période, la valeur des transactions sur le service a été estimé à plus de 16,4 milliards $, soit environ 21% du produit intérieur brut (PIB) du pays. D’après une enquête publiée par la banque centrale kenyane cette année, le taux d’inclusion financière au Kenya est passé de 26,7% en 2006, à 82,9% en 2019. Les taux d’inclusion financière informelle et d’exclusion financière sont passés respectivement de 32,1 % et 41,3 % en 2006 à 6,1 % et 11 % en 2019. Cette performance vaudra au Kenya d’être classé à la troisième place africaine en matière d’accès aux services financiers, derrière l’Afrique du Sud et les Seychelles.
« Cette évolution peut être attribuée à l'introduction des services financiers mobiles en 2007, suivie d'un nombre accru de partenariats et d'innovations comme les services bancaires mobiles, la banque d'agence, la finance numérique et les applications mobiles. Le mobile money a servi de "rampe d'accès" à l'inclusion financière formelle, en particulier par le biais de la finance numérique » indiquait à cet effet le rapport.
En douze ans, M-Pesa a fondamentalement transformé l’économie kényane, de plus en plus digitalisée, avec des transactions rapides, plus sûres et surtout traçables. Selon une étude du Massachusetts Institute of Technology, 2 % des Kényans sont sortis de la pauvreté grâce aux microcrédits souscrits par mobile. Safaricom indiquait également que la plateforme avait permis de générer plus de 860 000 emplois. Cette évolution qui permet à de nombreuses couches de la population de bénéficier de services financiers desquels ils étaient souvent exclus, a poussé le service à s’exporter au-delà des frontières kenyanes, notamment en Tanzanie, en Afghanistan, en Inde et en Europe de l’Est.
Services
M-Pesa est exploité par Safaricom et Vodacom, des opérateurs de réseau mobile virtuels (MVNO) qui ne sont pas considérés comme des établissements de dépôt bancaire, comme le serait une banque. Les clients de M-pesa peuvent déposer et retirer de l'argent auprès du réseau de revendeurs de crédit téléphonique, qui agissent comme des agents bancaires. Le service permet de :
- déposer et retirer de l’argent ;
- transférer de l’argent à d'autres clients ou à des personnes non-clientes ;
- payer des factures ;
- acheter des crédits de communication ;
- transférer de l’argent entre le service M-Pesa et un compte bancaire (dans certains pays seulement, dont le Kenya).
Pour ce dernier point, il s’agit d'un partenariat avec la banque kényane Equity Bank qui a permis de lancer M-Kesho, un service basé sur M-Pesa (sa plateforme et son réseau d'agents), offrant des services bancaires plus étendus tels que des comptes rémunérés, des prêts et des assurances15.
L'interface utilisateur pour M-Pesa diffère entre Safaricom au Kenya et Vodacom en Tanzanie, alors que la plateforme technologique sous-jacente est la même. Tandis que Safaricom utilise la technologie SIM pour accéder aux services, Vodacom s'appuie sur la technologie USSD16.